Je marche vite. Dans le froid, mais je n'ai pas froid. Personne ne me croise, plutôt logique à cette heure. Je ne sais même pas où je regarde et j'ai perdu mes pensées. Je les ai laissées s'égarer en territoire défendu et maudit. Ton visage ne me revient même pas exactement. Et je ne sais même pas dire si j'en ris où si j'en pleure. Je vis dans un rêve éveillé. Ce qui est bien avec les rêves, c'est que tu finis par te réveiller. Mais les rêves éveillés, à un moment ils t'usent et toi, tu ne vois rien venir. Tu te dis, oh chouette, ce rêve est mon rêve. Mais non, ce n'est que ta vie. Je me cherche des excuses là où je n'en ai pas besoin. Je m'invente des vies. Je n'en ai qu'une à construire et à fleurir. Et je ne sais toujours pas si je ris ou pleure. Je me suis réveillée un matin, ce matin, et je ne savais plus rien. Enfin non, j'ai plutôt réalisé à quel point ce savoir pouvait être éphémère et instantané, et tellement effrayant. Je n'arrive même pas à me résigner, à oublier tout ce que j'ai déjà pu engendrer. Ton regard ne m'aide pas; les vôtres non plus. J'ai vu une photo d'une belle actrice, qui en fait est bien plus que simplement belle, et elle m'a fait pensé à un vieil ami. Et je me dis qu'il doit être drôlement bien, au chaud à côté de ces questions qu'ils se posent mais à côté desquelles il dort peu mais bien. J'aimerais le revoir et parler de tout et de rien, comme il n'y a pas si longtemps. Et puis me réveiller de ce rêve dans lequel je me suis enfermée sans raison, peut-être par ennui.
Les ailes de l'héroïne ont frappé encore plus fort qu'on ne le croyait; tant de poussières./
Les ailes de l'héroïne ont frappé encore plus fort qu'on ne le croyait; tant de poussières./
Ça faisait longtemps.