ridiculousthoughts

rUn awAy .

Dimanche 14 novembre 2010 à 0:35

 Lui parler. Mais pour quoi lui dire? Le regarder, le faire parler. Et reconnaître cette déception si familière. La revoir dans ses yeux et dans ma gorge. Ou alors, le provoquer une dernière fois. Non, encore une fois. Dire quelques mots, loin d’être anodins, même pas recherchés, juste perçants. Capturer son regard et ses lèvres sans les toucher. Lui montrer, lui faire comprendre. Le compromettre, le mettre en face, l’affronter, lui faire affronter cette vérité inacceptable car trop exceptionnelle. Et puis partir, sur un sourire. Sans trop en faire, le laisser sur sa faim, le laisser digérer ce qu’il ne veut pas voir, mais qu’il connaît par coeur. Certaines de ses images me hantent et d’autres me font mourir de rire, c’est peut-être cela, ce qui tue; le romantique et le grotesque traduits, maquillés avec tant de non-dits. Tout le monde a beau en rire, il lui reste de ces regards. Les mêmes qui auraient tout déclenché. Dans un monde transparent, utilise toujours le conditionnel; autrement n’est pas envisageable. Les mêmes qui veulent faire passer tant de choses et que je coupe avec violence, mais que je vais rechercher trois minutes après. Il me les rends plus que souvent. Après cela, quand il n’est plus dans le secteur, le vide reprend du terrain et ce n’est jamais agréable. J’ai toujours envie de rouvrir cette portière de tout jeter là, de courir, de hurler son nom en silence et de le voir sortir. Avec cette envie, cette autre envie légitime de dormir enfin. D’être tranquille, de voir de belles choses sans ressentir le besoin de les nommer, de les comprendre. Quelques jours, je m’en remets, je l’oublie minutes par minutes. Et puis, j’essaie à nouveau d’éviter ses yeux. Mais les miens finissent par céder. Il a essayé de faire passer une certaine colère, mais elle n’a pas été crédible, pas une seule seconde. Sur toute la ligne, j’aurai réussi à creuser un fossé entre mon corps et le reste de cet être qui est sensé maîtrisé l’autre. Sans jouer avec le feu, je ne brûlerai pas. J’ai regardé mes mains prendre les braises, sans réagir. Personne n’a vraiment réagi. Ils ont continué à parler. Aujourd’hui, je regarde encore mes mains avec plus d’étonnement que ce jour: il n’y a aucune trace, sauf celles que j’ai infligé par un solide pur, autre débat. Cela m’inspire et me respire. J’essaie d’en dissoudre les souvenirs, mais je n’ai ni soluté ni solution. C’est comme s’il avait tout gardé, tout congelé pour que des scientifiques en début de carrière se prennent à s’amuser avec des fragments de vies, avec des lunettes de protection encore trop grandes et un tablier encore blanc. S’il a congelé quelque chose, il a congelé du vide, je ne cherche à leurrer personne. Je sais bien qu’il serait du genre à gaspiller de l’énergie commune pour s’épargner un peu de chaleur personnelle mais si éphémère. Au milieu de tout cela, il reste deux questions cruciales que personne n’a osé posé. Par contre, j’ai donné un embryon de réponse et quelque part, à un moment donné, de son côté aussi. Deux questions dont vous avez peur de réveiller la formulation, peur de déterrer le cadavre que vous aviez enterré vivant. Parce que tout le monde a toujours fait comme cela, ce qui est nouveau, ce qui dérange, on en parle à peine, on va le chercher en pleine nuit noire pour aller l’ensevelir dans son sommeil. Je suis une criminelle, vous êtes des êtres humains. Au secours, je suis coincée au milieu de portes grandes ouvertes. 

 

 
http://ridiculousthoughts.cowblog.fr/images/DSCF6051.jpg

Des clichés de première anné et de ses professeurs, ma fille. /

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://ridiculousthoughts.cowblog.fr/trackback/3058933

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast